samedi 29 avril 2017

Le sacre du printemps


Grâce à toi Igor Stravinsky

 


Igor Stravinsky par Pablo Picasso



 
L'idée du Sacre du printemps vint à Stravinsky en 1910 alors qu'il travaillait encore sur L’Oiseau de feu : « J'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païen : les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps », écrit le compositeur dans ses Chroniques. Aussitôt, il en parla à son ami Nicolas Roerich peintre et spécialiste de l'antiquité slave. Mis au courant, Diaghilev décide que l'argument sera élaboré par Roerich et Stravinsky. Quoique les grandes lignes de l'argument aient été écrites au cours de l'été 1910, il ne prendra sa forme définitive qu'un an plus tard. Le Sacre devait originalement être joué durant la saison de 1912 des Ballets russes. Stravinsky a presque complété le premier tableau en décembre 1911. Il termine la composition le 17 novembre et l'orchestration finale est datée du 8 mars 1913.




Le Sacre du printemps dans une recréation de la chorégraphie originale 
de Nijinsky's par le Joffrey Ballet en 1987 

 
Le Sacre du printemps ne comprend pas d'intrigue ; « C'est une série des cérémonies de l'ancienne Russie », précise le compositeur en interview le 13 février 1913 . Voici les notes de programme que les spectateurs avaient entre leurs mains lors de la première représentation, le 29 mai 1913 :
Premier tableau : L'Adoration de la terre
Printemps. La terre est couverte de fleurs. La terre est couverte d'herbe. Une grande joie règne sur la terre. Les hommes se livrent à la danse et interrogent l'avenir selon les rites. L'Aïeul de tous les sages prend part lui-même à la glorification du Printemps. On l'amène pour l'unir à la terre abondante et superbe. Chacun piétine la terre avec extase.

Deuxième tableau : Le Sacrifice
Après le jour, après minuit. Sur les collines sont les pierres consacrées. Les adolescentes mènent les jeux mythiques et cherchent la grande voie. On glorifie, on acclame Celle qui fut désignée pour être livrée aux Dieux. On appelle les Aïeux, témoins vénérés. Et les sages aïeux des hommes contemplent le sacrifice. C'est ainsi qu'on sacrifie à Iarilo, le magnifique, le flamboyant [dans la mythologie slave, Iarilo est le dieu de la nature] »

Né en Russie en 1882 où il passe les vingt-sept premières années de sa vie, Stravinsky vivra vingt-neuf ans en France et en Suisse, avant de quitter l’Europe pour les États-Unis où il meurt en 1971. Comme le dit si justement Milan Kundera dans Les Testaments trahis  « sa seule patrie, son seul chez-soi, c’était la musique, toute la musique de tous les musiciens. » Partout chez lui puisque de nulle part, changeant sans cesse de style et de manière musicale, il reste toujours le même dans toutes ses expériences. C’est le formidable paradoxe de celui qui a provoqué le plus grand big bang de l’histoire musicale avec la création du Sacre du printemps en 1913.

Pour ses adieux Igor Stravinsky donna un un concert historique au Royal Festival Hall de Londres en 1965, alors qu’il a quatre-vingt-trois ans. Pour faire cesser les rappels et les applaudissements, le compositeur-chef d’orchestre finira par revenir sur scène en manteau, coiffé de son chapeau.

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